Cet été 2021 a marqué les esprits par la violence des incendies qui l’ont ponctué. De la Californie à la Sibérie, en passant par le pourtour méditerranéen (Portugal, Grèce, Algérie, Sud-Est de la France), les flammes ont dévasté de nombreux hectares de forêt. Pour mieux comprendre ces incendies, des scientifiques du laboratoire EPOC en étudient les microcharbons.
Actuellement, les scientifiques ne disposent que de peu de données relatives aux microcharbons (charbons de taille microscopique) produites par les incendies. Ceux-ci s’avèrent pourtant être de véritables mines d’informations pouvant renseigner, entre autres, sur le régime de feu (sévérité, fréquence, intensité, saisonnalité) et le type de végétation ayant brulé.
Dans un papier tout récemment publié dans la revue Quaternary Science Reviews, Marion Genet, doctorante au laboratoire EPOC sous la direction d’Anne-Laure Daniau, s’intéresse plus particulièrement aux microcharbons produits lors d’incendies au Portugal et en Espagne au cours des dernières décennies qui se sont déposés dans l’océan. Les échantillons proviennent de prélèvements sédimentaires marins au large de 5 zones, chacune caractérisée par un type de climat, de régime de feu et de végétation.
Localisation des échantillons sédimentaires marins étudiées
En comparant les caractéristiques des microcharbons issues de ces différentes zones – pour lesquelles on connaît à la fois le climat, la végétation et le régime des feux – il a été possible de faire le lien entre leur forme, leur concentration et le type d’incendie les ayant produit.
Ainsi, des quantités faibles de microcharbons à l’allongement (rapport longueur/largeur) faible seraient issues d’incendies fréquents mais de petites tailles, se propageant dans des végétations fermées dans un climat à tendance plus froide et humide.
À l’inverse, des microcharbons en grande quantité et à l’allongement élevé proviendraient de grands incendies rares et intenses, se propageant dans une végétation ouverte dans un climat chaud et sec.
Enfin, reste le cas des concentrations faibles de microcharbons mais à l’allongement fort. Les auteurs suggèrent qu’elles seraient produites par des incendies dont l’intensité faible ne permettrait pas la production d’une grande quantité de microcharbons alors que l’allongement élevé serait produit par la combustion d’une végétation ouverte
Ces résultats, qui doivent être complétés par des données provenant d’autres régions du pourtour Méditerranéen, permettront dans le futur de déduire les régimes des feux passés à partir de l’étude des sédiments plus anciens.
Ad finam, en éclairant sur les relations dans le passé entre les conditions climatiques et de végétation donnant naissance à des incendies, ces données devraient également être utile à leur modélisation, permettant ainsi de mieux prévoir l’impact du changement climatique sur leur apparition.
Ces travaux ont été réalisés dans le cadre de l’ANR JCJ BRAISE et du programme LEFE (IMAGO – Campfire) de l’INSU.